Savane écossaise - Reste du monde - Le Grand Escalier

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Savane écossaise

Tanguy Kerleal

Joueur de Quidditch

6e année

Titre : Re : Savane écossaise
Créé : 17/05/2022 à 10:03:36

Matka descendit de sa monture improvisée, et le Breton croisa son regard. Quand il vit qu'il était bien noir, il remua ses longues moustaches blanches, amusé. La pauvre élève était décoiffée et son apparence était devenue bien drôle. Il aurait ri aux éclats s'il avait été sous sa forme humaine. La vipère, quant à elle, se pencha sur les racines devant lesquelles le jaguar s'était arrêté, et passa la main au-dessus d'elles. Aussitôt, elles remuèrent. Sous les yeux de l'animal, elles disparurent progressivement pour laisser place à une petite ouverture dans le sol. Tanguy pencha ses oreilles touffues vers l'avant, surpris : ce procédé ressemblait trait pour trait à celui qui permettait d'accéder au Saule cogneur, dans le parc de Poudlard. Jamais il n'aurait pensé qu'on eût pu le retrouver ailleurs pour une autre essence végétale.

Matka l'invita à passer en premier et à ouvrir la marche. Tanguy la regarda d'un air soupçonneux : ce n'était pas judicieux, car il ne connaissait pas l'endroit. Serait-elle tentée de lui dresser un piège ? De lui monter une farce ? Il détourna son regard pour fixer l'ouverture. Après tout, qu'importait ? Il saurait facilement se défendre, et, si mauvaise farce il y avait, il s'arrangerait pour que le dindon en soit son auteur. Finalement, il s'approcha du trou : il était juste assez grand pour qu'il puisse s'y faufiler à son aise. Pliant ses pattes, rentrant sa tête dans ses épaules, il pénétra précautionneusement à l'intérieur. La terre était humide, et rafraichît ses coussinets, échauffés d'avoir battu de la terre sèche. Il progressait lentement, de peur de glisser et de se retrouver coincé. Au bout d'une petite centaine de mètre, la voûte s'élargit, et il pur redresser la tête. La gueule ouverte, il sentait de nombreux effluves qui lui étaient encore inconnus. Sa curiosité était piquée au vif : il pressa le pas, tandis que le couloir s'élargissait à vue d'œil.

L'instant d'après, il avait débouché dans une salle. Ou, si ce n'était une salle, une grande grotte. C'était assez difficile à saisir. Une chose était sûre pour le jaguar : il y faisait nettement plus chaud qu'en surface, et bien plus humide. Pourtant, il ne s'était jamais senti aussi bien dans son corps de jaguar.

#Tigibus

Matka Omen

7e année

Titre : Re : Savane écossaise
Créé : 18/05/2022 à 00:15:46

Le jaguar se faufile dans l'ouverture et Matka le suit, presque accroupie. C'est pour ça qu'elle ne venait plus ici, se souvient-elle en grognant. Quand elle était petite, elle se contentait de s'allonger sur le dos de sa mère, dont la forme animale fait moins d'un mètre au garrot. Mais à treize ans, aussi petite soit-elle, elle dépasse cette taille de loin, et elle doit se plier à un exercice de contorsionniste pour réussir à marcher sans tomber.

Toutes ses précaution lui font prendre du retard sur Tanguy, mais elle finit par le rejoindre dans la caverne. Pendant un instant, elle a le souffle coupé. Elle avait presque oublié à quel point le lieu était... magique. La Serpentard retire ses chaussures et trempe un pied dans l'eau fraîche, ravie de pouvoir s'étirer à nouveau de toute sa longueur, et elle observe le jaguar pendant de longues minutes avant de reposer les yeux sur son reflet à la surface du bassin.

Quelque chose ici la calme : c'est peut-être la familiarité du lieu, comme une madeleine de Proust qui la replonge dans des souvenirs plus tendres et des temps plus simples, et Matka glisse la main dans sa poche pour refermer le poing autour de ses cailloux fétiches. Elle ne ressent même pas le besoin de fermer les yeux, et se contente de fixer les pupilles brunes que lui renvoie le frémissant miroir de l'eau. Il y a quelque chose dans ce reflet qui lui semble contenir la clef de ses méditations. La solution à sa quête.

Et soudain, en un claquement de doigts, elle sait.

C'est un martin-pêcheur, annonce-t-elle à Tanguy en relevant brusquement la tête avec un regard interloqué et un sourire immense.

Avatar by Camille Dubois

Tanguy Kerleal

Joueur de Quidditch

6e année

Titre : Re : Savane écossaise
Créé : 18/05/2022 à 16:05:50

Les sens de Tanguy étaient saturés : trop de nouvelles odeurs, trop de nouveaux bruits, trop de nouvelles choses à voir et une lumière tamisée qui l'intriguait. Il resta immobile pendant de longues minutes, ses moustaches percevant ces nouvelles senteurs et l'humidité ambiante, ses yeux détaillant l'écosystème dans lequel il avait pénétré, tandis que ses oreilles s'affolaient, telles des paraboles qui tournaient dans toutes les directions possibles. Le monde était coloré, parfumé, bruyant mais tout aussi calme : Tanguy eut une sensation de vertige devant ce calme et cette beauté absolue.

[ Ainsi donc, ça ressemble à ça, le sud ? ]

Il avança de quelques pas, tandis que quelques feuilles tropicales éparses caressaient sa fourrure. Matka s'était réfugiée dans un bassin d'eau claire, dont elle contemplait la surface ondée. Tanguy gagna le petit rivage de ce lac miniature, et pencha la tête. Il vit son reflet dans l'eau immobile. Il ne l'avait plus observé depuis un long moment déjà, et ne se rappelait plus de la dernière occurrence. Il eût été ridicule de comparer ce qu'il voyait avec les souvenirs qu'il en avait : il n'avait probablement pas changé de tête depuis sa première transformation. Les mêmes yeux verts étincelaient au milieu d'une figure fauve bigarrée.

Il s'arracha de sa rêverie. Matka n'avait pas bougé, mais elle le regardait maintenant. Tanguy ne comprit pas ce qu'elle lui dit : qu'est-ce que pouvait bien faire un martin-pêcheur dans l'eau ? Doucement, il se coula dans le bassin en haussant la tête pour que sa truffe soit hors de l'eau. Malgré sa carrure imposante, cela ne provoqua que de petits clapotis de vaguelettes glissant au contact de son corps de félin. Il se surprit à constater que la profondeur était moins importante que ce qu'il avait pensé : il pouvait, de fait, marcher dans le fond sans être submergé. Il se plaça juste à côté de la vipère, et balança sa queue pour lui demander de s'expliquer sur les raisons de leur venue en ce lieu. Ses yeux verts fixaient ceux de Matka, tandis que sa queue, dans son mouvement, éclaboussait involontairement par ses petites vagues la jeune fille.

Celle-ci était tout sourire, tandis qu'elle le regardait s'approcher. Et Tanguy comprit alors : ce dont elle parlait, c'était de sa forme animale. Après l'épisode dans l'arbre, il se doutait que sa recherche constituait une priorité pour la vipère. Elle allait enfin pouvoir travailler ses métamorphoses. Mais y parviendra-t-elle ?

#Tigibus

Matka Omen

7e année

Titre : Re : Savane écossaise
Créé : 20/05/2022 à 11:02:39

Tanguy se place juste à côté de Matka, ses yeux verts fixant la petite sorcière, et la Serpentard est si heureuse de sa découverte qu'elle ne peut pas s'empêcher de poser une main amicale sur la tête du jaguar pour le gratter derrière les oreilles. Les chats aiment ça, après tout, et le Gryffondor est, peu ou prou, un très gros chat. L'eau et sa présence l'ont certainement aidée à découvrir sa forme animale.

Merci, souffle-t-elle dans un murmure pour ne pas heurter les oreilles sensibles du jaguar. Je vais pouvoir passer à la suite maintenant.

Et la perspective de se lancer dans le processus de transformation la remplit de joie. Sa mère a déjà prévu quelques fioles de potions qui l'aideront à réaliser sa première métamorphose. Oh, quand Mme. Chepkemboi apprendra la nouvelle... Le sourire de Matka s'agrandit, ravie de pouvoir faire honneur à l'enseignement de sa professeure favorite, et se tourne à nouveau vers Tanguy en agitant ses jambes dans l'eau.

Mais tu peux profiter de cet endroit encore quelques temps, si tu veux. Ce n'est pas encore l'heure du goûter, et je suis sûre que la température ici est plus agréable pour toi. Amuse-toi !

Après tout, elle n'est pas la seule qui doit travailler sur sa métamorphose, et Matka est certaine que ce n'est pas à Poudlard qu'il trouvera l'environnement idéal pour sa forme animale. Sauf, peut-être, dans la valise de éleveurs, si on le laisse évoluer au milieu des créatures magiques et qu'il ne risque pas sa peau à le faire - il n'y a pas que des Boursouflets dans cette malle. Plus Tanguy pourra se mettre dans la peau de son jaguar, plus il en expérimentera les véritables conditions de vie, plus il pourra développer sa compréhension et sa maîtrise de la métamorphose.

Avatar by Camille Dubois

Tanguy Kerleal

Joueur de Quidditch

6e année

Titre : Re : Savane écossaise
Créé : 22/05/2022 à 22:12:45

Il fallait croire que la découverte de la forme animagus de la Camerounaise avait mis celle-ci dans un état d'excitation joyeuse, car elle posa sa main derrière la tête de Tanguy. Surpris par cette familiarité à laquelle il n'était pas habitué, il amorça un imperceptible mouvement de recul. Mais elle lui grattait les oreilles, et le jaguar sentit une sensation de bien-être lui parcourut le corps. Il agita les oreilles de plaisir. Cependant, quelques instants plus tard, il souleva ses pattes musclées, et se détacha doucement de la proximité d'avec la vipère. Il était un grand félin certes, mais nullement un animal de compagnie tel un chat. Son corps restait sauvage, et lui restait Breton.

La Serpentard lui proposa de profiter de ce lieu exceptionnel. Tanguy ne se fit pas prier : elle avait à peine fini sa phrase qu'il avait déjà bondi, et il atterrit dans l'eau avec force éclaboussures. Il n'avait pas peur de l'élément liquide : vivre sur une péninsule tournée vers la mer, et dont l'histoire, tant nationale que familiale, avait été polarisée par la mer, créait définitivement un lien avec elle. Tanguy savait parfaitement nager, et il se surpris à constater que son corps félin était aussi propre à progresser rapidement dans l'eau que son corps humain. De ses pattes, il poussait l'eau vers l'arrière, tandis que sa gueule était relevée au-dessus de la surface de l'onde, de manière à ce que sa truffe, ses oreilles et ses moustaches ne touchent pas le liquide. L'eau était à une excellente température, et le jaguar feula d'aise. Il se rendit au bout du bassin, à l'extrémité opposée du côté par lequel ils avaient pénétré dans la caverne. Il n'était guère fatigué lorsqu'il revint au bord de ce côté-là, après avoir fait quelques ronds dans l'eau. En sortant du bassin, il agita violemment son tronc pour s'ébrouer, tout en plantes ses griffes dans le sol pour rester droit pendant la manœuvre. Il ne put s'empêcher de penser que, dans certaines situations, notamment la présente, sa forme féline battait la forme humaine sur le plan des avantages que chacun conférait à son propriétaire. Les poils en bataille - mais il ne s'en soucia pas, habitué à ne pas coiffer ses cheveux qui demeuraient constamment dans cet état - il avança sur la rive, longeant le bassin à petites foulées légères. Son corps était extrêmement détendu, ses muscles lui obéissaient au doigt : tout était sous le contrôle de l'esprit de Tanguy. Le Gryffondor remarqua dans son esprit que cette excursion n'aurait pas profité seulement qu'à Matka. Après avoir joué dans les branches des quelques essences d'arbre qui l'entouraient - ou essayé, certaines ne supportant pas son poids - il gagna le lieu où Matka était restée. Il était si heureux qu'il ne put s'empêcher de lui faire la fête et de bondir autour d'elle, en tressautant sur ses pattes qui agirent comme des amortisseurs. C'était à elle, désormais, de trouver le chemin qui la conduirait à sa propre transformation.

Au bout d'un moment, il se calma. A vrai dire, il était épuisé. L'adrénaline était passée, et son corps ressentait alors la fatigue due à ses mouvements ininterrompus depuis qu'ils avaient pénétré dans la caverne secrète. Il recouvra sa forme humaine : il était haletant, et semblait produire de la sueur qui coulait de la racine de ses cheveux, au sommet de son front. Il y passa sa main pour s'essuyer, avant de la mener dans ses cheveux, et s'assit par terre, regardant le bassin, songeur.

Comment penses-tu que tu y arriveras ?

#Tigibus

Matka Omen

7e année

Titre : Re : Savane écossaise
Créé : 23/05/2022 à 18:51:12

Matka regarde Tanguy s'amuser dans l'eau, nager, sauter, éclabousser les plantes qui l'entourent et grimper sur celles qui peuvent soutenir son poids. Le jaguar ne lui a jamais semblé aussi... léger. Détendu. Joueur. C'est certainement à cause de leur première rencontre, de l'attaque, de la blessure qu'il lui a causé, mais pour la première fois, la Serpentard oublie réellement qu'il s'agit ici d'un prédateur, d'un animal capable de la tuer, et discerne l'insouciance d'un Gryffondor adolescent.

Le temps semble suspendu, le temps d'un jeu, et Matka se laisse flotter, assise au bord du bassin, admirant la silhouette gracile du jaguar qui évolue devant elle. La grotte semble détachée de la réalité, et la petite sorcière se demande si, comme elle, Tanguy a l'impression de profiter d'un instant d'infinité. La magie prend fin, cependant, avec la réserve d'énergie du garçon. Il est bientôt l'heure du goûter, après tout, résonne Matka en le voyant reprendre forme humaine - oubliant que tout le monde n'est pas, comme elle, absolument dépendant de l'horloge régulière des repas quotidiens.

Le Gryffondor s'assied à côté d'elle, et l'enfant observe, amusée, son front dégoulinant de sueur et d'eau mêlées, marquant l'effort physique que ses jeux ont représenté. Quand il reprend la parole, elle lui jette un coup d'œil incertain.

Comme tout le monde ?

Elle n'est pas sûre d'avoir compris sa question, jusqu'à ce qu'elle se rappelle que Tanguy est étudiant à Poudlard. Pas à Uagadou. Elle ne sait pas comment travaillent les formateurs du Ministère britannique, mais s'ils sont aussi doués en métamorphose Animagus qu'en paperasse administrative, elle ne leur accorde pas beaucoup de crédit.

Beaucoup de méditation, finit-elle par expliciter, un passage sur la Tour de la Lune à Uagadou, des potions, des runes, et des heures et des heures de pratique. C'est un processus plus introspectif, quand on n'a pas de baguette, précise-t-elle. Comment tu as fait, toi ?

Maintenant qu'elle y pense, elle est assez curieuse de savoir exactement ce que font les Britanniques. Elle sait qu'il est généralement plus difficile pour eux, si ce n'est impossible, de se transformer sans baguette, mais elle ne sait pas si c'est un manque de pratique, un blocage psychologique, ou une vraie différence dans le lien qu'ils tissent avec leur forme animale.

Avatar by Camille Dubois

Tanguy Kerleal

Joueur de Quidditch

6e année

Titre : Re : Savane écossaise
Créé : 25/05/2022 à 19:51:35

En quoi consiste le passage sur la Tour de la Lune, comme tu dis ? C'est un lieu, comme la Tour d'Astronomie de Poudlard ?

Ses cours sur les écoles de magie à travers le monde remontaient à sa première année : autant dire que les souvenirs que Tanguy en avaient étaient aussi nets que le brouillard qui environnait les côtes à l'automne.

En ce qui me concerne, j'ai eu des cours du soir avec un adulte agréé envoyé par le Ministère. On se transforme aussi sans l'aide de la baguette - de toute façon, on la perdrait, une fois transformé, si c'était le cas. Et puis la métamorphose vient de nous, pas de l'extérieur. On a d'ailleurs commencé par de longs moments de méditation, pour déterminer sa forme et apprendre à la ressentir.

Des souvenirs remontaient dans son esprit, tandis que le Lion s'adressait à la vipère. Les séances le soir dans le Parc, tandis que l'ombre de la nuit enveloppait Poudlard ; les rencontres secrètes avec l'examinatrice du Ministère et un des membres du personnel du Collège, un veilleur... Quel était son nom déjà ? Antonin Draconimus. Il avait quitté le complexe scolaire, Tanguy ne savait pas ce qu'il était devenu. Il se souvenait que l'autre avait une forme de grand-duc, ce qui était assez impressionnant, car le Gryffondor avait compris, ce soir-là, qu'il s'agissait d'un rapace puissant. Auparavant, il n'avait aperçu que des strigidés dont les plus grands du genre étaient les effraies. Les hiboux étaient très discrets et farouches ; Tanguy n'avait jamais eu l'occasion d'en observer un avant cette période-là.

Avec un rire, il se dit que c'était probablement la première fois également que Miss Redhun et son comparse croisaient la route d'un jaguar, animal rare en Europe s'il en est. Cette période de sa cinquième année constituait un lot de bons souvenirs pour le Breton.

Quoiqu'étudiant à Poudlard, tu seras formée par Uagadou ?

#Tigibus

Matka Omen

7e année

Titre : Re : Savane écossaise
Créé : 25/05/2022 à 23:19:35

La formation Animagus a Poudlard semble bien différente de celle de Uagadou. Moins philosophique, peut-être, plus pratique. Il faut dire qu'ici, au Royaume-Uni, cet art est considéré comme une pratique réservée aux sorciers les plus doués. En Afrique, tout le monde peut se changer en animal à sa guise - les exceptions sont plutôt ceux qui n'y parviennent pas. Et pour réussir ce tour de force, pour rendre accessible l'exceptionnel, il faut aborder les choses différemment. Mais c'est un propos trop nuancé pour Matka, qui se contente d'arborer un rictus amusé :

Évidemment que la métamorphose vient de toi, lâche-t-elle avec une pointe de dédain. Toute ta magie vient de toi. Tu es tellement habitué à ta baguette que même quand tu te transformes sans, tu ne ressens pas tes pouvoirs.

Et, avec un sourire satisfait, Matka tend la main et lance un sortilège du vent dont elle murmure la formule, faisant naître une petite vague à la surface du bassin. Sa magie à elle pulse au creux de son ventre, et elle peut déjà l'appeler, la diriger à travers son corps. Elle connaît des élèves de Uagadou capables de faire naître des enchantements du bout de leurs orteils - la baguette est un atout, mais il lui semble parfois si restrictif !

La Tour de la Lune surplombe Uagadou. Il y a une terrasse, tout en haut, et c'est là que l'on médite, pour trouver notre forme animale, nous l'approprier, la maîtriser, puis se transformer. J'y ai passé des nuits entières cet été, pendant mes examens, mais maintenant que je connais ma forme... Je me demande si Mme. Chepkemboi me laisserait y retourner avant la rentrée à Poudlard.

La question suivante fait hausser un sourcil à Matka, tant la réponse lui semble évidente - mais une petite voix s'immisce dans son esprit. Après tout, ce n'est pas la première fois qu'elle est si sûre de Uagadou qu'elle oublie que Poudlard est une option. Mais il y aurait une traîtrise monumentale dans le fait d'adopter sa forme animale pour la première fois loin de la terrasse de la Tour de la Lune.

Ce serait... mal, finit-elle par déclarer, de faire le contraire. Un peu comme... Un peu comme si j'attrapais le vif d'or pendant un match, mais que je jouais pour Gryffondor face à Serpentard.

Elle ne sait pas si Tanguy comprend, mais elle se sent quelque peu vulnérable en lui révélant cette part d'elle-même. Heureusement, son estomac choisit cet instant pour gargouiller, et elle laisse échapper un petit rire avant de se relever.

Viens, c'est l'heure du goûter. Ce serait dommage de gâcher tes crêpes, et maman sera contente de connaître ma forme. Et puis si tu as des questions, elle aura plus de réponses que moi !

Et sur ces mots, Matka détale : elle n'est pas très sportive, même si elle a commencé à faire de l'exercice cette année pour gagner en endurance quand elle pratique la magie, mais l'appétit a toujours été un bon moyen de la faire courir. Aussi vite que possible, étant donné l'étroitesse du passage, elle remonte jusqu'à la surface et court vers sa maison. Elle ne jette pas un regard derrière elle pour vérifier que Tanguy la suit : après tout, c'est un jaguar. Ce n'est pas les petites jambes d'une gamine de treize ans qui vont le distancer.

Bientôt, elle distingue au loin le rocher qui dissimule sa maison, et la silhouette de sa mère qui se tient dans son petit jardin. Aussitôt, Matka agite les mains pour attirer son attention et hurle :

JE LA CONNAIS ! JE L'AI TROUVÉE !

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Tanguy Kerleal

Joueur de Quidditch

6e année

Titre : Re : Savane écossaise
Créé : 29/05/2022 à 10:29:58

Ses dires avaient provoqué une réaction chez la Camerounaise qui ne surprit Tanguy qu'à moitié. C'était un mélange de fierté, d'orgueil et de mépris, qui faisait naître au fond des yeux de la vipère une vive flamme et un éclat particulier. Il s'agissait sûrement de ce qu'on appelait l'ambition, propre à la maison vert et argent. Le Breton comprenait un peu plus, à présent, pourquoi il avait été le seul de la fratrie à ne pas avoir été réparti à Serpentard : au fond de ses yeux ne s'était jamais allumé cette espèce de lueur.

Tanguy avait vraiment hâte d'apprendre à maîtriser les sortilèges informulés et, mieux encore, les sortilèges sans baguette. Le programme des cours n'était pas le tableau devant lequel il passait le plus clair de son temps, aussi ignorait-il si le point était abordé dans les années à venir. Mais la perspective d'un duel à mains nues contre la vipère émergeait dans son esprit, et il se promit d'apprendre tout ce qui pourrait l'aider dans ce domaine une fois qu'il aurait repris les cours.

Excuse-moi de ne pas étudier à Uagadou.

Il avait lâché cette phrase avec une pointe de défi. Elle était la seule qui avait buté. Cependant, il se leva, et, lorsqu'elle prononça le mot de goûter, son esprit se réveilla tout à fait, de même que son ventre immédiatement après : la symphonie de ses enzymes lui rappelait qu'il n'avait pas mangé depuis un moment, et que l'excursion avait profondément creusé sa faim. Il acquiesça sans attendre la suggestion de Matka - qui aurait pris la clé des champs quoi qu'il arrivât - et lui emboîta le pas. Elle courut, et il courait derrière lui, assez harassé par l'effort physique qu'il avait fourni durant toute l'après-midi, mais revigoré par les embruns et l'iode qui imprégnèrent son visage lorsqu'ils sortirent de la grotte magique. La traversée du tunnel avait été bien plus ardue qu'à l'aller, puisque le gabarit humain de Tanguy était plus imposant et moins souple que celui de sa forme de jaguar. A la sortie, il nettoya ses vêtements et ceux de Matka d'un coup de baguette.

C'est essoufflé que le Gryffondor pénétra dans le jardin, à la suite de la vipère qu'il avait suivie, de peur de se perdre. Sa timidité et sa discrétion naturelle reprirent le dessus lorsqu'il fut en face de la mère de son compagnon d'aventure. Il ne savait que dire, les mots ne venaient pas à ses lèvres, et son esprit était comme coincé en arrière, demeuré dans la belle grotte magique. Cependant, son silence gauche était probablement pire que n'importe quelle phrase qui pourrait sortir de sa bouche, alors il se hasarda à dire :

Matka m'a emmené dans la caverne magnifique. Cet endroit est incroyable !

#Tigibus

Matka Omen

7e année

Titre : Re : Savane écossaise
Créé : 01/06/2022 à 16:26:22 - Modifié : 04/06/2022 à 21:08:41

Dès qu'elle entend les cris de sa fille, Agathe lâche ses outils et se rue hors de son jardin pour fêter la nouvelle. Pour la première fois peut-être, elle ne fait aucune remontrance à Matka, alors même que ses cris auraient pu attirer l'attention d'un Moldu. Après tout, ce progrès se fête ! La petite Serpentard bouillonne d'excitation, mais elle retient d'éclater pour laisser Tanguy, soudainement plus timide, raconter leur aventure à sa mère.

Je suis ravie qu'elle te plaise. J'espère que tu en as profité pour laisser ta magie s'exprimer.

Matka sourit, avant de rappeler d'une voix claire qu'il est l'heure du goûter - après tout, il est hors de question qu'elle ne profite pas des crêpes que Tanguy a ramené. Agatha ébouriffe gentiment les cheveux de sa fille, toujours aussi amusée de voir son appétit insatiable, et guide les deux enfants vers la cuisine.

Le reste de la journée se déroule sans encombre, même si l'enthousiasme de Matka prend le dessus sur la conversation. Avant le dîner, la Serpentard a réussi à mettre la main sur les bestiaires prêtés par Mme. Chepkemboi et a identifié l'espèce exacte de martin-pêcheur qui sera, bientôt elle l'espère, sa forme Animagus. Impossible, évidemment, de l'empêcher de débiter toutes les informations qu'elle a pu retenir sur ce petit oiseau, malgré les multiples tentatives d'Agathe pour calmer le flot de parole qui s'échappe de la bouche de la petite sorcière.

Le lendemain, quand Matka se lève, à l'aube, elle semble prête à continuer sa tirade, mais sa mère l'arrête, et l'envoie méditer au bord de la mer, en bas de la falaise. Elle doit encore travailler avant de pouvoir envisager une première transformations. Agathe regarde sa fille partir avec un sourire tendre, et attend le réveil de leur invité. Elle a une activité à lui proposer, si le garçon tient vraiment à améliorer sa forme animale...

Bonjour Tanguy, le salue-t-elle quand il apparaît dans le salon. Tu as bien dormi ?

Avatar by Camille Dubois

Tanguy Kerleal

Joueur de Quidditch

6e année

Titre : Re : Savane écossaise
Créé : 04/06/2022 à 19:12:15

Lorsque Tanguy se réveilla le lendemain, le soleil était déjà assez haut au-dessus de l'horizon. Quand il quitta son lit, il se promit de prêter davantage attention à l'heure de ses réveils à venir, car la rentrée approchait, et son rythme effréné avec elle. Plus il l'anticipait, moins le choc scolaire serait dur.

Il se regarda dans la glace : ses cheveux avaient-ils vraiment besoin d'être coiffés ? Tant qu'ils tenaient en place et ne descendaient pas outrageusement sur son front, le Gryffondor en était satisfait. Néanmoins, il entendait, malgré lui, dans sa tête la voix de sa mère qui, presque tous les matins, l'enjoignait à présenter une meilleure figure. Sa baguette à la main, il récita rapidement un petit sort pour les coiffer et les rendre bien propres. La main qui passa dans ses cheveux traduisit une impatience du Breton et un doute quant à l'aspect bien maîtrisé de sa coiffure : rien ne valait quelques mèches volantes au sommet de son crâne. Il se dépêcha de s'habiller : il ignorait les coutumes de la famille qui l'hébergeait, et, fût-elle lève-tard, traîner lors du lever n'était pas une manière.

Les vacances occupaient encore pour beaucoup son esprit, et il songeait à tout ce que les derniers jours à venir lui réservaient, tant ici, chez Matka, qu'à son retour en Bretagne, juste avant de se rendre à nouveau en Angleterre pour prendre le train. Ces pensées l'occupèrent, tandis qu'il descendait l'escalier pour se rendre dans les pièces à vivre de la maison. Il y retrouva la vipère, qui était déjà prête et ne semblait plus qu'attendre le lion. Celui-ci esquissa un geste de la main, en guise de salut matinal, un peu gêné car il avait l'impression de n'être pas à l'heure. Il ne connaissait pas le programme de la journée.

Bonjour Matka ! J'ai très bien dormi, merci beaucoup.

Ses yeux traversèrent le salon. Son estomac lui transmettait son bon souvenir, mais le garçon n'osa rien demander. Il se doutait que la Serpentard avait mille projets en tête pour la journée, aussi demanda-t-il, bien qu'il se doutât de la teneur générale de la réponse :

Tu as une idée pour aujourd'hui ?

#Tigibus

Matka Omen

7e année

Titre : Re : Savane écossaise
Créé : 07/06/2022 à 22:51:15

Agathe sourit devant la politesse guindée du garçon. Elle n'a pas l'habitude d'interagir avec beaucoup de jeunes sorciers occidentaux, mais celui-ci lui fait bonne impression. D'un geste, elle lui indique la table de la cuisine et appelle quelques assiettes du bout des doigts :

Je ne sais pas ce que tu as l'habitude de manger chez toi pour le petit-déjeuner, énonce-t-elle d'une voix légère en déposant un verre et une cuiller devant Tanguy, mais je voudrais te montrer quelque chose aujourd'hui, et il vaut mieux que tu prennes des forces. Sers toi, et rejoins moi dehors quand tu as fini, d'accord ? Prends ton temps, rien ne presse.

Et sur ces mots, Agathe laisse le Gryffondor face à la table. Un peu de pain, du beurre, de la confiture, du jus d'ananas, des beignets de banane, un peu de riz... Elle lui a donné quelques options, mais elle lui redemandera tout de même ses préférences quand elle ira faire des courses le lendemain. En attendant, la sorcière sort dans son jardin pour vérifier la croissance de ses plantes : elle est Médicomage à domicile et prépare plusieurs de ses potions elle-même, ce qui requiert des ingrédients d'une qualité infaillible.

Quand elle entend la porte de la maison s'ouvrir, quelques temps plus tard, elle se redresse et essuie ses mains sur sa robe avant de se diriger vers Tanguy. Matka t'a dit qu'il se transformait en jaguar, et même si tu n'as pas nécessairement la forme la mieux adaptée à l'exercice, tu comptes tenir ta part du marché : sa présence aide ta fille à aborder sa métamorphose, et la tienne l'aide à maîtriser sa transformation.

As-tu déjà chassé sous ta forme animale, Tanguy ?

Elle ne sait pas si c'est un exercice auquel se prêtent les étudiants de Poudlard, mais il est très courant à Uagadou. Proie ou prédateur, il est important pour un Animagus de prendre conscience de sa position dans la chaîne alimentaire pour développer ses sens et se prémunir d'un accident malencontreux. La chasse est pour tous, chasseur comme chassé, un excellent moyen de tester ses limites et de travailler l'équilibre entre consciences humaine et animale.

Avatar by Camille Dubois

Tanguy Kerleal

Joueur de Quidditch

6e année

Titre : Re : Savane écossaise
Créé : 15/06/2022 à 13:44:18

Sous les yeux de Tanguy, qui s'était assis à la table en suivant le geste de madame Omen, une variété de mets étaient disposés, de tous les goûts. Il se retint de froncer le nez à la vue du riz. Certains aliments ne relevaient pas de ses habitudes matinales, mais il se rappela que les Anglais étaient assez friands des mets salés lors du petit-déjeuner. Discrètement, il jeta son dévolu sur les beignets et autres fruits qui lui procureraient le sucre dont il avait l'habitude de se délecter chaque matin. Il ne disait rien pendant son repas : son hôte avait disparu, et Matka était sortie, ou l'était probablement, car il n'entendait aucun bruit qui puisse venir d'elle. Il profita donc des fruits qui disparurent assez rapidement de son assiette.

La maison était très calme : on n'entendait que le cri des oiseaux marins et le bruissement des vagues qui s'écrasent les unes sur l'autre avant d'atteindre le rivage. Ce silence relatif plut aux oreilles de Tanguy, qui acheva d'émerger complètement de la nuit qu'il venait de passer. Madame Omen choisit précisément ce moment pour faire irruption dans la pièce. Tanguy finissait juste son petit-déjeuner, et commençait déjà à débarrasser son couvert. La femme adulte s'adressa à lui, et le Breton croisa son regard.

Non, je n'ai jamais chassé.

Le Gryffondor tâchait de masquer sa circonspection : il ne se serait jamais attendu à ce qu'on lui pose une pareille question. Il plissa les yeux de curiosité, maintenant son regard vert qui fixaient les pupilles de son interlocutrice.

Je me suis déjà battu avec un animal sauvage - un loup. Mais je n'ai jamais songé à chasser.

Et l'expérience avait été assez effrayante : le garçon en frissonnait rien que d'y penser. Il avait perdu contre cette bête : elle avait été plus forte que lui, qui ne savait pas se défendre sous son corps félin. Ainsi, il avait failli perdre son bras dans le duel. Au vu de la formulation de la question, Tanguy se doutait qu'elle lui proposerait d'apprendre. Cependant, il ne se souvenait plus de la forme animagus de la mère de Matka. Celle-ci la lui avait déjà révélée, mais il était impossible pour le Gryffondor de se remémorer l'animal. Il se souvenait simplement que c'était un animal africain. Peut-être alors, pour cette raison, sa mère lui proposait-elle un exercice de ce style : on ne voit pas beaucoup de grands félins chasser en Bretagne, ni même en Ecosse. Mais l'Afrique possède en son sein son lot de majestueuses créatures, toutes plus impressionnantes et plus gigantesques les unes que les autres. La chasse entre grands animaux revêtait un caractère plus naturel chez eux. Tanguy comprenait maintenant pourquoi Matka s'était proposé de l'aider pour ses métamorphoses, au lieu de le renvoyer vers un simple formateur agréé par le Ministère.

#Tigibus

Matka Omen

7e année

Titre : Re : Savane écossaise
Créé : 21/06/2022 à 15:57:17

Agathe sourit. Un combat contre un loup ? Elle se demande si cela fait partie de la formation qu'il a suivie à Poudlard. S'agissait-il seulement d'un autre Animagus ? La sorcière n'en sait rien, mais elle acquiesce lentement. C'est déjà ça. Elle sort de sa poche une petite fiole emplie d'un liquide pétillant à la couleur rouge inquiétante, et la descend d'une traite avant de se tourner à nouveau vers Tanguy :

Je suppose que tu le sais déjà, déclare-t-elle d'un ton qui sous-entend qu'elle ne voue pas une confiance absolue à la formation dispensée à Poudlard, une arrogance qui n'est pas sans rappeler celle de sa fille, mais sous notre forme animale, deux consciences s'affrontent. L'humain ne peut pas prendre entièrement le dessus, mais il ne doit pas disparaître totalement non plus. Il y a un équilibre à trouver, entre l'homme et l'animal, entre l'instinct brut et sauvage et la conceptualisation réfléchie. Savoir valoriser l'un ou l'autre sans sombrer est essentiel. Il y a des situations, comme la chasse ou le combat, qui exige que tu abandonnes un peu plus ta conscience humaine pour tirer parti de l'animal. Se mettre dans ces situations, s'entraîner, cela permet d'éviter des accidents regrettables.

Elle a entendu, comme tous ses camarades de Uagadou, mille avertissements à ce sujet. S'abandonner à l'animal, éteindre son cerveau, cela peut être grisant. Elle-même l'a fait plus d'une fois, dans ses moments de trouble ou de détresse, pour ignorer ses états d'âme quelques heures de plus. Mais c'est un risque, Agathe le sait. Combien de sorciers se sont perdus, incapables de retrouver le chemin de l'homme qu'ils avaient été, errant sans même plus savoir qu'ils n'évoluaient pas sous leur forme véritable ? Apprendre à devenir un animal est un art phare de l'école africaine - mais l'exploit, c'est que tous leurs élèves savent revenir dans leur corps véritable dès qu'il le faut. Ils ont tous appris à s'approcher au plus près du gouffre sans jamais y tomber.

Je te propose aujourd'hui de me chasser, reprend Agathe avec un petit sourire. Matka m'a dit que tu prenais la forme d'un jaguar. Je suis une sitatunga - une antilope aquatique.

La sorcière se transforme brièvement, laissant quelques moments à son invité pour l'observer avant de reprendre forme humaine. D'une main, elle adresse l'étendue de la falaise au bout de laquelle est perchée sa maison, indiquant leur terrain de jeu :

Il ne devrait pas y avoir beaucoup de Moldus dans les environs, mais je préférerais que tu ne dépasses pas les limites que Matka t'a montrées hier. Ce sera ta première contrainte. Tu devras laisser ton instinct animal prendre le dessus pour chasser, précise-t-elle, faire confiance à tes sens, pour me trouver, pour me surprendre, pour m'attraper, mais une part de toi doit rester humaine, doit se souvenir des limites à ne pas franchir.

Il est là, l'équilibre complexe que Tanguy va devoir explorer. Respecter des règles dont son jaguar n'a que faire tout en le laissant choisir chaque mouvement. La nature n'a pas de panneau « Sens interdit », mais les hommes, eux, en ont. Ou, en l'occurrence, des panneaux indiquant un risque d'éboulement.

Ta deuxième contrainte est la suivante : pas de crocs.

Le ton d'Agathe est sans appel. Il y a quelque chose, dans le goût du sang, qui peut perturber un Animagus peu entraîné. Tanguy n'a certainement jamais dévoré une proie vivante sous sa forme de jaguar - et elle ne compte pas être la première.

De manière générale, ajoute-t-elle avec un petit sourire, pas de blessure mortelle. Essaye simplement de me mettre un coup de griffe ou deux, et je considérerai cela comme un succès. Retiens l'instinct animal qui te poussera à chasser pour tuer, pour te nourrir.

C'est aussi pour cela qu'elle lui a servi un petit-déjeuner. Inutile de courir un risque supplémentaire en le faisant chasser le ventre vide. Agathe sort une deuxième fiole de sa poche - le liquide est bleu, cette fois-ci - et la boit aussi rapidement que la première avant de donner ses dernières instructions :

Une fois que tu m'auras touchée - si tu arrives à me toucher, ajoute-t-elle avec une lueur de défi dans les yeux, reprend ta forme humaine. Ce sera peut-être plus difficile que d'habitude, prévient-elle, mais tu peux le faire. N'aie pas peur de me blesser, je me suis préparée, rassure-t-elle en levant la fiole vide, et je suis Médicomage. Ah, et j'ai un désavantage clair sur ce terrain, alors laisse-moi quelques minutes d'avance, tu veux bien ? Ferme les yeux, compte jusqu'à 100…

Et sur ces derniers mots, Agathe se transforme. L'antilope a les sabots écartés, plus adaptés à l'eau qu'à la terre, et elle se tient là quelques secondes pour laisser son odeur imprégner l'air avant de détaler. Elle n'est pas très rapide sur le sol, contrairement au jaguar, mais elle lui donnera plus de fil à retordre une fois dans l'eau. 100, 99, 98, 97, décompte la sorcière en s'éloignant au petit trot.

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Tanguy Kerleal

Joueur de Quidditch

6e année

Titre : Re : Savane écossaise
Créé : 22/06/2022 à 22:40:59

Le Gryffondor écoutait sans broncher les paroles de la Camerounaise. Au fur et à mesure que son monologue se poursuivait, il se sentait de plus en plus débordé par la situation. Il n'avait même pas fini de débarrasser ! Quel air bête devait-il afficher, l'assiette dans la main gauche, la main droite posée sur le dossier de la chaise... Et qu'était-ce que cette petite fiole couleur écarlate dont elle avala rapidement le contenu ? Lorsqu'elle se transforma sous ses yeux, Tanguy eut peine à distinguer les choses. Tout se brouillait devant ses yeux ; tout était allé si vite. Il avait presque des difficultés à suivre ce qu'elle lui disait, non qu'elle parlât trop vite, mais son cerveau ne parvenait pas fluidifier ce qui parvenait tant à ses oreilles qu'à ses yeux.

[ Comment ça, compter jusqu'à cent ? ]

Mais attendez...

Sa voix se perdit dans le silence de la demeure. La petite antilope, qui se tenait devant lui, de l'autre côté de la table, avait déjà détalé au-dehors. Pendant un instant, le Gryffondor demeura figé, dans la même position que celle pendant qu'il avait écouté son hôte. Son esprit se bloqua. Il n'était certain que d'une seule chose : on attendait de lui qu'il se transformât. Aussitôt dit, aussitôt fait. Mais, alors qu'il sentait son pelage émerger, ses habits se fondre, son odorat s'affiner, un bruit de vaisselle cassée se fit entendre. Accroupi par terre, le jaguar se retourna : une assiette gisait au sol. Il avait oublié de s'en défaire avant d'accomplir sa métamorphose animale. Lorsqu'il se dressa sur ses pattes, il sentit des petits picotements sous son membre gauche. Lorsqu'il le souleva, il s'aperçut que quelques gouttes de sang perlaient de son coussinet. La patte avait marché sur les débris de l'assiette qui était tombée en même temps qu'il s'était transformé, et des morceaux de la vaisselle avaient éraflé ses tendres coussinets. Tanguy n'y prêta guère plus attention : il était surtout très ennuyé d'avoir cassé l'assiette. Il la réparerait plus tard. Il chercha des yeux une horloge qui indiquerait l'heure, mais il n'en trouva pas. La rotation d'une aiguille marquant les secondes aurait pourtant été bien utile au Gryffondor, qui n'avait pas encore commencé le décompte, et ne savait par conséquent pas comment s'y prendre. Le temps imparti était déjà bien écoulé, et il résolut de sortir dehors. Il y attendrait quelques instants avant de commencer à suivre la piste laissée par l'antilope africaine.

Il sentait déjà moultes odeurs, mais il n'arrivait pas à dresser la part des choses entre celles qu'il connaissait, comme les plats sucrés du petit-déjeuner, l'iode de la mer rugissante, le bois des meubles, et celles dont il ignorait l'origine. Deux d'entre elles correspondait à Matka et à sa mère. Plutôt que de décompter jusqu'au chiffre cent, comme ce que lui avait demandé madame Omen, il balaya le sol de sa truffe à la recherche de l'odeur qu'elle avait laissée. Ce devait être une odeur qui avait nécessairement laissé une empreinte olfactive linéaire et forte. Trouver cette odeur compenserait largement le temps qu'il devait passer pour compter jusqu'à cent.

Après quelques boucles, il identifia une trace qui était différente des autres. Il ne savait pas à quoi elle correspondait ; Tanguy n'était déjà pas un nez dans sa vie ordinaire, alors son odorat félin, bien que plus développé, ne devait probablement pas non plus remporter la palme parmi les jaguars. Sa truffe errait au sol, il relevait la tête, la gueule ouverte : cette trace semblait bien être celle de l'antilope. Il ne lui restait donc plus qu'à suivre cette odeur linéaire.

Tanguy se sentait un peu stupide à errer, la gueule ouverte, s'arrêtant tous les cinq mètres pour s'assurer de n'avoir pas perdu la piste. Mais progressivement, il prenait confiance en son odorat, et suivre la trace olfactive devenait plus facile : il apprenait à vue d'œil. La piste suivait le trait de côte, le long de la falaise, puis s'en éloignait brusquement. Le Gryffondor faillit perdre la piste plusieurs fois, mais il tournait en rond avant de retrouver l'odeur caractéristique qui flottait dans l'air.

Tanguy n'oubliait pas ses autres sens : il savait qu'il pouvait compter sur ses oreilles très mobiles. Il avait d'ailleurs quelques difficultés à se concentrer sur ses trois sens simultanément. Il dut se rendre à l'évidence : pour l'heure, la vue importait peu. Distinguer les obstacles lui suffisait pour progresser dans les herbes, les buissons et le long des rares arbres, tandis que son odorat et ses oreilles étaient primordiales pour capter la trace.

A un moment, il croisa une autre piste, une odeur assez forte et presque désagréable - à supposer que Tanguy pût légitimement avancer qu'une odeur fût bonne ou mauvaise au vu de ses compétences dans ce sens. Il laissa cette impression de côté : il y avait de toute manière trop d'odeurs nouvelles au fur et à mesure qu'il approchait d'un nouveau végétal, d'une nouvelle essence d'arbre. Peut-être s'agissait-il d'un animal sauvage ou d'un chien domestique : il n'était pas l'unique propriétaire de ces lieux.

Soudain, il la vit. L'antilope était devant lui, et semblait ne pas bouger. Immédiatement, le jaguar s'arrêta et se tapit au sol. Ses yeux se réveillèrent, ses oreilles s'affolèrent avant de se fixer, tournées vers l'avant. Il savait qu'il devait se placer sous le vent, et non pas dans son sens ; mais il ne savait pas comment faire. Il ouvrit la gueule : elle était assez sensible pour déterminer la direction du vent, et même sa force, à sa grande surprise. D'après ce qu'il percevait, les rafales venaient de la mer - ce qui était logique, après tout - c'est-à-dire depuis sa droite. A priori, le vent ne se dirigeait donc pas vers le sitatunga, ou du moins ne charriait pas son odeur vers lui. A présent, l'heure était à la discrétion. L'enjeu était de se rapprocher silencieusement de l'animal qu'il avait en face de lui sans que celui-ci ne détectât sa présence. Doucement, il tenta de se rapprocher d'un buisson qui le couvrirait. Il ne savait pas ce qu'il pourrait faire après, car le fameux buisson était encore assez éloigné de l'antilope ; mais il n'avait que cette ressource pour se cacher, le terrain était trop découvert.

Ses prunelles vertes fixaient intensément le pelage ocre zébré de blanc. Toute son attention était focalisée sur le petit bovidé, qui semblait toujours ne pas l'avoir remarqué. Doucement, il soulevait ses pattes, ni trop haut pour ne pas faire de mouvements brusques, ni trop bas de peur de rouler sur une brindille ou une pierre. Son esprit se vida : Poudlard, Matka, la maison disparurent peu à peu de ses pensées. Seule comptait l'antilope devant lui, qu'il fixait de ses yeux émeraude flamboyants.

#Tigibus

Matka Omen

7e année

Titre : Re : Savane écossaise
Créé : 27/06/2022 à 11:01:22

Agathe s'éloigne, sa piste attirant progressivement Tanguy jusqu'à l'une des criques qui entourent sa maison. Ici, les rochers forment un bloc face à la mer, laissant derrière eux une plage de galets Evidemment, l'antilope a pris soin de brouiller sa trace, de faire des tours et des demi-tours pour confondre le jaguar, mais enfin, si le garçon n'est pas complètement inepte, il devrait finir par la retrouver. Quand elle n'est plus qu'à quelques mètres de l'eau, la sitatunga s'ébroue et ferme les yeux un instant. Chasser ou être chassé, beaucoup de gens résumeraient le règne animal à ce simple dicton. C'est plus compliqué que ça, évidemment, mais pour l'instant, Agathe doit effectivement revenir à ses instincts primaires et se conforter à ce principe. Chasser, ou être chassée.

Son humanité s'engourdit, à peine éveillée, reléguée à un coin de sa conscience, et c'est désormais la sitatunga qui règne, presque seule en son empire. Tous ses sens sont en éveil - avec cet avantage indiscutable qu'elle se sait traquée. En temps normal, ces antilopes aquatiques savent évaluer à la perfection les moments où il faut quitter l'eau pour échapper aux crocodiles, ou la rejoindre pour fuir un félin gourmand.

Soudain, un bruit lui fait relever la tête, et elle scrute les environs, humant l'air. Rien, pas d'odeur de prédateur, mais… Elle est sur un terrain découvert, et il existe peu de cachettes pour Tanguy. Pour l'instant, rien ne l'alerte plus que ce petit bruit, mais celui de la mer non loin et des quelques mouettes qui crient dans le ciel bleu l'empêchent de se fier entièrement à son ouïe. Est-ce que le buisson qu'elle distingue vaguement à une dizaine de mètres d'elle bouge vraiment ? Et si oui, est-ce l'effet du vent ?

Un sentiment d'insécurité lui tord le ventre et, avant même d'avoir pu s'en rendre compte, la sitatunga détale, courant de son pas gauche sur les galets. Elle ne va pas vite - ses sabots ne sont pas adaptés au terrain, et il ne faudrait pas qu'elle se blesse stupidement, mais elle n'est pas loin de l'eau. Bientôt, ses jambes plongeant dans les vagues calmes de la crique, et la peur du prédateur se calme un peu : ici, elle est dans son élément. La sitatunga peut nager deux fois plus rapidement qu'elle ne court, et ici, ses seules limites seront celles de la petite baie où elle évolue : les rochers délimitent leur terrain de jeu, et le sel de l'eau a de quoi agacer l'antilope. Mais s'il se contente de la poursuivre, Tanguy ne la rattrapera pas : les jaguars sont de bons nageurs, mais pas aussi vifs que les sitatungas. Il lui faudra compter sur le calcul, sauter au bon moment, tourner au bon moment, faire confiance à l'animal pour effectuer le geste adéquat au moment idéal et piéger sa proie. Quant à elle, elle fera la même chose - pour le fuir.

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Tanguy Kerleal

Joueur de Quidditch

6e année

Titre : Re : Savane écossaise
Créé : 28/06/2022 à 14:10:58

Les oreilles du jaguar manifestèrent l'agacement de l'animal : elles s'agitèrent brièvement. Il venait de comprendre que sa proie l'avait sans doute repéré, puisqu'elle avait tourné sa tête vers lui, vers le buisson derrière lequel il s'était tapi, avant de prendre la fuite. Pourtant, il s'était assuré de n'être pas dans le sens du vent, et avait pris soin de calmer sa queue qui avait tendance à le trahir, actif comme il était. Etait-il donc si mauvais limier ? Parviendrait-il jusqu'à son but, le but qu'il s'était fixé : tenir entre ses pattes la petite antilope qui semblait le narguer ? Un grondement sourd, sorti de sa gorge, trahit sa frustration, et sa rage de victoire, qui désormais prenait le dessus sur ses autres émotions. Il n'était pas utile de se presser, lui souffla sa conscience animale. Son odorat, il l'avait suffisamment exercé jusque-là : il retrouverait donc aisément la trace olfactive. La sitatunga n'était probablement pas allée bien loin. Si elle se savait traquée, la peur l'empêcherait de prendre trop de risques, et elle se contenterait d'éveiller son attention.

Le jaguar se leva. Quelques fourmis dans les coussinets le forcèrent à patienter quelques secondes, en secouant ses longues pattes dorées. Puis, enjambant délicatement le buisson qui l'avait trahi, il s'avança dans le petit espace dégagé qu'occupait encore quelques minutes auparavant sa proie. Les galets chauds étaient peu confortables pour le félin, qui ignora néanmoins la petite douleur qu'ils lui procuraient. La gueule ouverte, il reconnut immédiatement l'effluve caractéristique de l'antilope. Ses pattes se dirigèrent vers le passage emprunté par les sabots de l'autre animal. Cependant, un mouvement dans le coin de son œil le fit tourner la tête : il n'avait pas vu que l'antilope avait plongé dans l'eau, et il la regardait désormais, qui évoluait dans l'eau. Il se figea, bien qu'il se doutât que le camouflage de son pelage était parfaitement inefficace sur une plage de galets. il résolut de se rendre au bout de la crique, pour longer les rochers qui la bordaient, afin de mieux le dissimuler, puisqu'ils procuraient de l'ombre qui tranchait avec les galets ensoleillés qui, par leur blancheur, renvoyaient l'éclat du soleil avec un certain aveuglement pour les yeux. Les pierres arrondies par la mer avaient le mérite d'être silencieuses lorsque les pattes se posaient dessus, et de ne pas rouler : Tanguy, en quelques foulées de trot, parvint à l'extrémité opposée de la crique. Il pressa son flanc contre la roche, tandis qu'il fixait l'antilope aquatique.

Il ne voyait plus beaucoup l'utilité de la surprise, qui constituait pourtant sa force. L'antilope l'avait sûrement repéré. Il regarda l'eau. Il savait qu'il pouvait nager, mais, sans qu'il sache pourquoi, l'idée même d'aller tremper ses poils le rebutait. Pendant de longues minutes, il contempla la surface de l'eau, qui se soulevait par petites vagues, les yeux fixés sur ceux de son reflet. Puis, au bout d'un moment, il se hasarda à tremper un bout de sa patte dans l'eau. Une deuxième suivit ; il avança, tandis que l'eau atteignait les poils de son ventre. Il n'avait pas perdu de vue qu'il n'était pas là pour se rafraîchir en profitant de l'onde marine. Désormais, seules comptait sa détermination, son agilité et sa vélocité dans l'eau. Rattraper une antilope dans l'eau ne devait pas être une mince affaire, mais le Gryffondor n'en avait cure. Discrètement, il se coula dans l'eau, sans remous. Sa tête, et particulièrement sa truffe, effleurèrent l'eau. Le contact le fit éternuer, en même temps qu'il releva soudainement la tête en se léchant le nez. Le sel n'était pas du goût du félin, et il comprenait désormais son aversion pour la mer. Mais c'était trop tard : il était plongé dedans jusqu'au cou. Alors, avec de grands mouvements de pattes, la gueule ouverte pour respirer au-dessus de l'eau, il se dirigea vers la sitatunga. Aucune illusion ne le bernait : il savait qu'il était repéré, mais il ne ferait pas pot de fleur sur le bord de la rive, tandis que le mammifère se jouerait de lui dans l'eau. Il était fermement déterminé à la rattraper, et il accéléra sa nage.

#Tigibus

Matka Omen

7e année

Titre : Re : Savane écossaise
Créé : 24/07/2022 à 22:25:21

Désolée du retard.

Le jaguar est derrière elle. Elle l'a entendu, elle l'a senti, et elle a beau être rapide, Agathe va devoir être stratégique. La baie n'est pas large, et si elle se contente de continuer tout droit, elle va se retrouver coincée. Mais elle ne peut pas non plus faire demi-tour - ce serait se jeter directement dans la gueule du loup. Ou, en l'occurrence, du jaguar.

Alors, que faire ? Laisser le félin s'approcher et tenter une fuite par la droite ou la gauche, dans l'eau, en comptant sur sa vitesse ? Ou bien retourner sur le sol et essayer de claudiquer suffisamment vite pour revenir dans l'eau, loin de son prédateur ? Agathe hésite, mais le bout de la baie est de plus en plus proche, et elle n'a plus beaucoup de temps pour se décider.

Ses oreilles s'agitent, et alors que ses jambes la propulsent aussi vite que possible, elle essaye de sentir les courants. Le jaguar est proche, plus proche qu'elle ne le pensait, les courants et les vagues salées jouent contre elle. Alors, soudain, elle se décide, et fait volte-face : quand il sera proche d'elle, elle s'échappera, virant sur le côté pour essayer de profiter de sa vitesse pour se faufiler sur le côté avant que les griffes du prédateur ne puissent la toucher.

Bientôt, lui intiment tous ses sens. Bientôt, bientôt, crient les poils de son pelage qui se dressent en haut de sa tête. Bientôt, bientôt, bientôt... Maintenant ! Agathe s'élance, dans un arc qui contourne le jaguar, suffisamment loin pour qu'il ne puisse pas l'atteindre d'un coup de griffe - pas sans faire un effort de nage supplémentaire. Sera-t-elle assez rapide ? Les vagues l'aideront-elles, ou sera-t-elle touchée par le félin ?

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Tanguy Kerleal

Joueur de Quidditch

6e année

Titre : Re : Savane écossaise
Créé : 17/08/2022 à 22:15:24

Les battements de son cœur accéléraient ; le sang battait ses tempes au fur et à mesure qu'il sentait qu'il s'approchait de son objectif. Le rythme sourd et régulier qui parcourait son corps semblait être le tambour d'un régiment défilant au son d'une marche lors d'un défilé moldu. Les vagues soutenaient le corps du félin, qui, dans sa nage, était balloté par le mouvement de l'onde portant son ventre. Les yeux du jaguar n'étaient fixés que sur un seul objectif, les pensées de la bête ocellée n'étaient concentrées que sur un unique but : parvenir jusqu'à la tête brune aux grandes oreilles, qui dépassait de la mer, quelques coudées plus au large. Il déploya autant qu'il le pouvait ses coussinets afin de gagner en prise sur l'eau, pour que chaque brassée le propulsât plus loin, plus proche de sa proie.

L'effort était intense, mais Tanguy n'y pensait pas. Obsédé qu'il était par l'antilope africaine, il ne pensait même pas ralentir ou modérer son élan. Seule comptait la prise d'un des membres de sa proie. Celle-ci amorçait un mouvement, qui, tout d'abord, laissa le félin coi. Tout en remuant ses pattes, poil collé à la peau, s'efforçant de dominer l'onde de ses moustaches et sa truffe, il comprit qu'elle comptait le contourner : passant à sa droite, elle espérait probablement le prendre de vitesse, pour rejoindre le rivage le plus rapidement possible tandis qu'il se débattrait encore dans l'écume des vagues. D'un puissant coup de rein, le jaguar changea de direction : le sillon blanc laissé par sa nage formait un axe qui coupait celui de la direction prise par l'antilope, avant que celle-ci ne fut au point de croisement. Il avait bien fait : à vue d'œil, il gagnait et réduisait l'écart. Bientôt, il fut capable de discerner les poils blancs qui entouraient la peau des grandes oreilles. Il savait que leur rencontre était une question de secondes.

Dans un fracas d'éclaboussures, le jaguar fondit sur l'antilope. Il s'était cambré, le dos contracté, avant de se détendre, à la manière d'un tigre bondissant à l'affût. L'affaire n'était pas aisée dans l'eau, car si le félin appréciait cet élément et avait nagé de façon ordonnée jusque-là, chasser et prendre de vitesse un animal n'était pas dans ses compétences naturelles. Tanguy reporta toutes ses actions sur son instinct. Ses pattes avant, jetées en avant comme une proue, frappèrent la côte de l'antilope, sans qu'il pût l'agripper, et ses griffes retombèrent, intactes, dans l'eau tumultueuse. Tout son corps avait suivi ; il ouvrit grand la gueule, et ses crocs, étincelants au soleil, se précipitèrent dans l'eau dans un mouvement de cétacé : il se refermèrent sur une cuisse arrière de l'animal. Malgré le sel et l'iode dont était saturée la mer, le jaguar sentit très nettement une odeur de sang dans son palais : il serra les mâchoires.

#Tigibus

Matka Omen

7e année

Titre : Re : Savane écossaise
Créé : 22/08/2022 à 20:20:09

Elle comprend, quelques secondes avant l'impact, que sa stratégie n'aura pas réussi, et Agathe laisse l'humaine entre elle reprendre le dessus. Alors que les cros se referment autour de sa cuisse, l'instinct animal revient en force, mais elle le maîtrise avec l'aisance de l'expérience.

Comme elle le pensait, Tanguy a du mal à lâcher prise, malgré ses instructions. Le goût du sang a tendance à brouiller l'esprit des prédateurs, l'effort de la chasse n'aide certainement pas le Gryffondor à reprendre le contrôle. Mais Agathe est prête. Sans hésiter, elle reprend sa forme humaine : la différence entre les deux corps est suffisante pour créer un espace entre les crocs du jaguar et sa cuisse. Dès qu'elle sent la pression se relâcher, elle transplane.

Elle ne va pas loin, non, et se contente de rejoindre la plage. La sorcière jette un coup d'œil à ses plaies et constate avec satisfaction que les morsures sont déjà en train de disparaître. Les potions fonctionnent - évidemment, elle les a préparées elle-même. Le sel de la mer lui arrache un petit grincement de dents malgré tout, et elle relève les yeux vers les vagues pour savoir comment Tanguy s'en sort.

Elle cherche surtout à savoir si le jaguar, excité par le goût du sang et l'adrénaline de la chasse, a réussi à se calmer une fois sa proie éloignée, ou si elle court désormais un danger sous sa forme humaine et devra user de la force pour rappeler l'humain à la surface.

Allez, Tanguy, marmonne-t-elle entre ses dents. Montre-moi que tu es aussi doué que Matka semble le penser.

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